Macron fasciné par Bardella, le retour de Mélenchon Premier ministre

Les prises de position plus qu’ambiguës de certains membres de la France insoumise – à commencer par celles de Jean-Luc Mélenchon -, depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre contre des civils israéliens auraient pu provoquer quelques regrets chez les cadres du mouvement. Certainement pas chez Manuel Bompard qui se réjouit : « On a gagné des électeurs durablement, et ceux qu’on a perdus, on les a perdus temporairement. » Au-delà de ces considérations électorales, le député LFI ne trouve de toute façon rien à reprocher aux déclarations de son chef. « Il a eu raison de dire ce qu’il a dit sur la marche contre l’antisémitisme, nous n’aurions jamais dit cela si cela avait été une marche contre le racisme. » Le doute ne passera pas par lui.

Déménagement oblige, voilà le député LR Alexandre Vincendet cerné. En raison de travaux, le parlementaire a été délocalisé, et se retrouve entouré d’Insoumis dans les couloirs de l’Assemblée. Et entre la droite et les mélenchonistes, dire que l’ambiance est froide relève de la litote. Pas de bonjour, pas de sourire. A tel point qu’un collaborateur LR a décoré la porte coupe-feu qui sépare les bureaux d’une pancarte siglée « Checkpoint Charlie ». Les insoumis répliquent ! Voilà les deux zones marquées chacune d’une affiche : « Zone libre » côté gauche, « Zone occupée » côté droite. Dernière balle venue de LR : leur couloir décoré d’une croix de Lorraine à côté de laquelle on peut lire « Vive le Général de Gaulle ». On ne saura pas la suite. Interpellés, les huissiers ont fini par intervenir pour mettre fin à ces querelles de voisinage.

Michaël Delafosse, l’ambitieux maire socialiste de Montpellier, opposé à la Nupes, s’offre les services d’Alexis Braud, l’ancien « spindoctor » de Yannick Jadot que d’aucuns surnommaient son « deuxième cerveau » (rien que ça). C’est l’ancien candidat écologiste à la présidentielle devenu sénateur qui a rendu possible le mariage. Officiellement, l’édile, très apprécié des Bernard Cazeneuve et autre François Hollande, se concentre sur son mandat et notamment la gratuité des transports, mesure phare qui rentrera en vigueur le 21 décembre prochain et dont Braud est chargé de faire la promotion à Paris. Officieusement, Delafosse cherche surtout à « muscler son jeu national » en s’acoquinant avec ce conseiller de l’ombre. « Je fais ça parce que je me sens proche de lui politiquement », confirme ce dernier, qui au premier jour de la lune de miel, a lâché au maire dans un sourire : « T’es quand même un peu trop laïcard pour moi. »

Dans les entourages de la présidente de l’Assemblée nationale et du président du Sénat, on se félicite du succès de la grande marche contre l’antisémitisme. Une réussite alors « que nous n’avons pas été aidés politiquement », rappelle Yaël Braun-Pivet à ses équipes. Interrogée en petit comité sur l’absence d’Emmanuel Macron, la patronne du perchoir a fait montre d’une grande clairvoyance : « Je n’ai jamais cru qu’il viendrait. Parce que ce n’était pas lui qui organisait, tout simplement. »

Alors que la rumeur d’une dissolution est revenue en fanfare avec l’échec de la loi immigration à l’Assemblée nationale cette semaine, les insoumis se disent « prêts » à repartir en campagne. « Nous n’avons pas peur parce que nous considérons que la solution démocratique est toujours la meilleure », expliquent les insoumis. Problème : la Nupes « n’est plus », à en croire Jean-Luc Mélenchon qui l’assurait sur France Inter il y a deux semaines. Pas de quoi s’inquiéter, assurent les mêmes, convaincus que les partenaires d’hier, qui ont fait sécession de la Nupes et se rapprochent des frondeurs insoumis, reviendront forcément toquer à la porte pour un deal. « Je ne vois pas Olivier Faure aller négocier un accord législatif avec Raquel Garrido s’il y avait une dissolution », assure, goguenard, le député LFI Paul Vannier.

Les insoumis reprendront d’ailleurs la même chanson que lors des législatives 2022 : Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ! « Qu’est-ce qui nous prive de relancer cette campagne ? », explique Vannier. Preuve que l’insoumis en chef n’est pas en retrait. L’a-t-il vraiment été ? À mesure que la présidentielle de 2027 approche, ceux qui juraient hier que Mélenchon ne serait plus candidat à la magistrature suprême changent aujourd’hui de disque : « Mélenchon travaille vraiment à être remplacé mais il y a aussi ce qu’on pense : l’hypothèse que ce soit lui est réelle parce qu’il n’y a que lui aujourd’hui. » Bref, un sacerdoce !

Souvenez-vous : au lendemain de la première « Rencontre de Saint-Denis » en août dernier, les proches du chef de l’État tressaient des louanges au président du RN Jordan Bardella, « bosseur » et « préparé ». Coup tactique ? Ou coup de cœur ? C’est un proche d’Emmanuel Macron qui le dit, plus dépité qu’emballé : « Savez-vous pourquoi il fait tout ce charme à Bardella ? Le président du RN le fascine car c’est lui en plus jeune encore… »