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Brésil : Watatakalu, alter ego féminin du chef Raoni, porte l’Amazonie à bout de bras

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Quand elle arrive, ce 10 décembre, dans la chambre molletonnée de blanc de l’hôtel Le Meurice, dans le 1er arrondissement de Paris, le contraste est d’emblée frappant. Toute de noir vêtue, les cheveux lisses, le regard noir ébène, Watatakalu dénote avec le mobilier de style Louis XV. Symbole de la lutte des femmes autochtones, la Brésilienne enchaîne les interviews, rendez-vous officiels et conférences, depuis son arrivée dans la capitale trois jours plus tôt, pour alerter sur le déclin de la forêt amazonienne et les impacts de la déforestation dans sa région natale du Haut Xingu. « C’est la première fois qu’on donne la parole à une femme pour parler de la sauvegarde de l’Amazonie et porter la voix de mon peuple », précise-t-elle avec fierté.

En mai dernier, Watatakalu a fait la Une de nombre de médias dans le monde. Elle venait alors d’être appelée par le grand chef kayapo, Raoni Metuktire, 91 ans, pour rejoindre les rangs très serrés – et très masculins – de la délégation qui l’accompagne dans ses tournées internationales bisannuelles. « Je suis la deuxième femme à avoir été invitée par Raoni à rejoindre sa délégation. Et je suis celle qui restera », annonce-t-elle, déterminée.

« Je suis la deuxième femme à avoir été invitée par Raoni à rejoindre sa délégation. Et je suis celle qui restera » assure Watatakalu à « 20 Minutes ».
« Je suis la deuxième femme à avoir été invitée par Raoni à rejoindre sa délégation. Et je suis celle qui restera » assure Watatakalu à « 20 Minutes ». – Olivier Juszczak / 20 Minutes

A 41 ans, Watatakalu fait partie de cette nouvelle génération capable de se fondre dans n’importe quelle culture, parlant portugais couramment en plus de son dialecte natal. Et suffisamment habile pour parler à « l’homme blanc », dit d’elle le chef kayapo, à ses côtés pour ce énième déplacement en France. « Elle a tout le potentiel pour combattre avec moi, et c’est pour ça que je l’ai choisie », explique Raoni, reconnaissable, entre autres, à l’impressionnant labret qui orne sa lèvre inférieure.

La voix des femmes d’Amazonie

Désormais partie prenante du combat de Raoni qu’il porte depuis plus de trente ans, Watatakalu a aussi ajouté à son arc la corde très sensible du combat des femmes autochtones. « Une partie de mon peuple, les Yawalapiti, a eu très peur quand j’ai accepté de partir avec Raoni, car je parle beaucoup, je suis sans filtre. Et des gens de ma tribu ne voulaient pas que j’ébruite certaines choses », raconte-t-elle.

Des « choses » à propos de la condition des femmes yawalapiti, entre autres. Des violences de leur propre peuple mais aussi de celles des colons à leur encontre. Et de ce qu’elles refusent désormais d’accepter, au sein d’une société autochtone patriarcale malgré tout plus ouverte au monde aujourd’hui.

« Pendant longtemps, nous, les femmes d’Amazonie, avons écouté et observé. Mais nous n’avions pas le droit de parler. Pourtant, nous sommes très actives sur notre territoire, nous protégeons la forêt, nous nous occupons des champs. Nous avons, malgré tout, un énorme pouvoir ! Et forcément, les hommes n’aiment pas trop que l’on raconte tout ça » , explique-t-elle, avec un regard de défi.

Une nouvelle génération en marche

Au sein de la délégation des représentants de l’Amazonie à l’étranger menée par le cacique Raoni, Watatakalu devra également composer, ces prochaines années, avec le chef des Yawalapiti, également son cousin, prénommé Tapi, et le neveu de Raoni, Jabuti, amené à lui succéder. Une association qui semble la ravir : « Avec Raoni et ses proches, nous avons des relations familiales. Avec Jabuti, nous sommes la nouvelle génération, et nous devons avancer ensemble, main dans la main. »

Parmi les dossiers chauds qu’ils devront porter auprès des chefs d’Etats des différents pays qu’ils continueront de sillonner : la suppression d’une loi, adoptée en mai dernier au Brésil, qui remet en question les limites des terres autochtones. Et la déforestation de la forêt amazonienne dont 38 % pourraient déjà avoir été dégradés par l’activité humaine et la sécheresse, selon une étude scientifique publiée en janvier 2023 dans la revue Science.

« Avec Jabuti, nous sommes la nouvelle génération, et nous devons avancer ensemble, main dans la main », explique la Brésilienne Watatakalu à « 20 Minutes ».
« Avec Jabuti, nous sommes la nouvelle génération, et nous devons avancer ensemble, main dans la main », explique la Brésilienne Watatakalu à « 20 Minutes ». – Olivier Juszczak / 20 Minutes

Emmanuel Macron a, lui, pu échanger une première fois avec Watatakalu, en juin dernier. Puis une nouvelle fois ce lundi, au palais Chaillot, où la délégation, accompagnée par l’alliance pour la préservation des forêts (APF) et l’association pour la forêt vierge (AFV), était invitée à rejoindre le président français à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

« Ces tournées nous permettent d’être visibles sur la scène internationale. Nous sommes, ensuite, regardés différemment. Cela nous donne plus de valeurs aux yeux du monde. Et si le monde nous valorise, alors nous aurons plus de poids chez nous », conclut-elle.

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