Eurovision 2024 : Israël participera avec une chanson pas vraiment « apolitique »

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Le feuilleton de la participation d’Israël à l’Eurovision 2024 continue de s’écrire. Dimanche soir, la chanson avec laquelle Eden Golan, 20 ans, représentera l’Etat hébreu en mai à Malmö (Suède) a été dévoilée. Hurricane (« Ouragan ») est une réécriture d’October Rain (« Pluie d’octobre ») le morceau qui avait été refusé quelques jours plus tôt par l’UER (Union européenne de radiotélévision), organisatrice de la compétition.

20 Minutes fait le point sur la situation.

Pourquoi Israël a changé d’avis ?

La troisième fois aura été la bonne. L’UER a retoqué deux chansons soumises par la délégation israélienne pour l’Eurovision. October Rain, puis Dancing Forever ( « Danser pour toujours »). Les deux morceaux ont été recalés en raison de leur dimension politique, contraire au règlement de la compétition musicale qui interdit « les paroles, discours et gestes de nature politique ou assimilable ». Les textes faisaient référence implicitement à l’attentat du Hamas contre le festival Nova Music le 7 octobre dernier. 364 personnes y ont été tuées et des dizaines d’autres ont été prises en otage. « Nous avons le droit de chanter à propos de ce que nous avons traversé », avait alors réagi Israël Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères.

Dans un premier temps, KAN, la chaîne qui diffuse l’Eurovision en Israël et gère la participation du pays, refusait d’apporter la moindre modification. Mais le président israélien, Isaac Herzog « a suggéré de faire les ajustements nécessaires », et les paroliers se sont remis au travail pour livrer Hurricane.

« Hurricane » est-elle apolitique ?

Jeudi, KAN annonçait dans un communiqué que l’UER avait validé Hurricane. « La décision a été prise par le comité de surveillance du concours Eurovision, après avoir discuté des paroles de la chanson (…) et après avoir écouté son interprétation », faisait savoir le diffuseur public israélien. Le morceau a donc été jugé apolitique. « Chaque jour, je perds la tête. Je tiens bon dans cette mystérieuse chevauchée. Je danse dans la tempête, je n’ai rien à cacher. (…) Chéri, promets-moi que tu m’étreindras encore. Je suis toujours brisée par cet ouragan », dit le nouveau refrain. Le texte s’achève par ces mots en hébreux : « Nous n’avons pas besoin de grands discours, juste de prières. Même si c’est difficile à voir, tu me laisses toujours une petite lueur ».

Le clip mis en ligne dimanche soir montre Eden Golan chantant entourée de danseuses et danseurs vêtus de blanc et de beige effectuant une chorégraphie contemporaine, tombant à terre et se relevant, jouant avec l’équilibre, tentant de ne pas se laisser emporter par la tempête. Les regards vers le haut sont nombreux. Un olivier (arbre symbole d’Israël) déraciné (le symbole de la Brigade Golani) renversé, comme en lévitation, apparaît également. Peut-on en faire une lecture politique ? La question se heurte à la subjectivité de chacun et chacune. Pour beaucoup, la référence aux attaques du 7-Octobre est évidente.

Pourquoi la participation israélienne est (aussi) une affaire de politique ?

La polémique sur la présence d’Israël à l’édition 2024 rappelle que, pour bien des pays, les enjeux de l’Eurovision dépassent la sphère musicale. L’Etat hébreu a fait de sa participation une affaire de politique. Le communiqué publié le 3 mars par KAN est clair là-dessus : « Le président [Isaac Herzog] a souligné que, particulièrement à un moment où nos ennemis cherchent à supprimer et boycotter le pays sur toutes les scènes (…) Israël doit faire entendre sa voix, la tête haute, en brandissant le drapeau à chaque tribune mondiale ». Etre exclu ou se retirer de l’Eurovision, c’est être au sens propre, comme au figuré, à l’écart du concert des nations.

Quelles conséquences sur le concours ?

Ces derniers mois, plusieurs pays avaient demandé qu’Israël soit exclu de l’Eurovision au regard du lourd bilan humain de la guerre à Gaza lancée après l’attaque du Hamas. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Islande n’a toujours pas confirmé sa participation, bien que son télécrochet servant de sélection nationale ait eu lieu. Les chefs des délégations des trente-sept pays inscrits pour la compétition se réunissent ce lundi. La décision des Islandais devrait donc être connue dans les prochaines heures.

A Malmö, la délégation israélienne arrivera début mai pour se préparer à la deuxième demi-finale qui se tiendra le 9. Elle sera entourée d’un large dispositif de sécurité, annonce le site YnetNews. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes appellent les téléspectateurs et téléspectatrices à boycotter l’Eurovision cette année. Dimanche, le compte officiel du concours a relayé sur X la mise en ligne du clip de Hurricane mais sans préciser le pays qu’elle représente ni faire apparaître son drapeau, contrairement à ce qu’il a fait pour les autres candidats. Peut-être afin de limiter les réactions négatives.

L’Eurovision, dont la finale se tiendra le 11 mai, sera, quoi qu’il arrive, fortement traversé par la question de la présence israélienne. Les artistes en lice pourraient être amenés à se prononcer sur le sujet. Certains l’ont déjà fait, à l’instar du Britannique Olly Alexander qui a signé une tribune accusant Israël d’apartheid et de génocide sur le peuple palestinien. « J’ai signé cette lettre parce que je suis en faveur d’un cessez-le-feu, d’un arrêt des combats dès que possible, a-t-il récemment déclaré à 20 Minutes. Je veux la paix ».

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