Intelligence artificielle : Des poubelles sous haute surveillance pour améliorer le tri des déchets

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Le contenu des poubelles n’a plus de secret. Depuis deux ans, la start-up française Lixo a mis au point une technologie basée sur l’intelligence artificielle (IA), capable de repérer en temps réel la moindre anomalie dans le tri de déchets. Une innovation qui permet aujourd’hui de sécuriser la collecte des déchets et de mieux valoriser le recyclage pour environ 45 collectivités territoriales en France. Avant de pouvoir sanctionner, un jour, les particuliers mauvais trieurs ?

Rien n’est moins sûr, selon Marjorie Darcet, cofondatrice de Lixo. « Ce n’est pas l’objectif de notre projet et il faudra dépasser certains obstacles juridiques pour en arriver là », explique-t-elle à 20 Minutes. De fait, les sanctions peuvent s’appliquer uniquement pour les professionnels à condition qu’il existe un enjeu défini par un contrat de tri. Une pizzeria qui laisserait traîner des morceaux de pizzas dans les cartons envoyés au recyclage, par exemple.

« Faire de la pédagogie et non cibler tel ou tel foyer »

« Technologiquement, il serait déjà possible de repérer les foyers qui trient mal », avoue Stéphane Caplier, directeur commercial recyclage chez Veolia Hauts-de-France. Notamment grâce au couplage des données fournies par l’IA avec la localisation RFID (codes-barres) des conteneurs à poubelle.

Mais aucune collectivité n’envisage cet usage, notamment la métropole de Lille (Mel), qui fut l’une des premières à adopter la technologie Lixo. Aujourd’hui, 11 des 60 camions-bennes de ramassage en sont équipés, ce qui en fait la plus grosse flotte de France. Le vice-président en charge de la gestion des déchets se veut également rassurant. « Les données récoltées par l’IA lors des collectes sont et resteront anonymes, signale Régis Cauche. Il s’agit de faire de la pédagogie et non de cibler tel ou tel foyer. ».

Les statistiques servent aujourd’hui à « enclencher des actions de médiation et de sensibilisation des ambassadeurs du tri dans les quartiers où on constate une concentration trop importante des erreurs », assure l’élu, qui précise que « le budget des déchets domestiques, c’est 200 millions d’euros par an ».

Au moins une anomalie sur une poubelle sur deux

Autant dire que le sujet est pris très au sérieux. Mieux le tri est effectué par les habitants, plus le centre de valorisation des déchets est performant dans le recyclage, entraînant une augmentation des recettes pour la collectivité. La baisse des taxes pour l’usager ? On verra plus tard.

« Une bonne gestion du tri à la source, c’est vrai que c’est le nerf de la guerre car les gains financiers peuvent être considérables », renchérit Pierre Bredar, spécialiste du négoce international de recyclage. « Un déchet jeté dans la mauvaise poubelle coûte deux à trois fois plus cher à la collectivité », insiste Stéphane Caplier, chez Veolia, délégataire de service public pour la métropole lilloise.

Or en mars, près de la moitié des 8.000 poubelles analysées quotidiennement avec la méthode Lixo comportait au moins une anomalie qui concerne majoritairement le verre, le carton et les sacs plastiques noirs.

Le fléau des bouteilles de protoxyde d’azote

Mais c’est un autre fléau qui hante les industriels de la collecte des déchets : la bouteille de protoxyde d’azote qui, lorsqu’elle explose, peut provoquer des dégâts importants. « La sécurité du ramassage est un des premiers enjeux qui a incité Veolia et la métropole de Lille à adopter notre technologie », se souvient Marjorie Darcet, de Lixo.

Un petit capteur est installé au dessus de la trémie sur onze véhicules de la flotte de camion-bennes chez Esterra, gestionnaire de la collecte des déchets à la métropole de Lille.
Un petit capteur est installé au dessus de la trémie sur onze véhicules de la flotte de camion-bennes chez Esterra, gestionnaire de la collecte des déchets à la métropole de Lille.  - G.Durand

Une technologie qui consiste à fixer une petite caméra au-dessus de la trémie du camion-benne. Le capteur prend des photos en rafale lors du déversement de chaque poubelle. Les images sont transmises en temps réel à un micro-ordinateur situé au pied de la cabine du chauffeur. Un algorithme de reconnaissance d’images permet alors de repérer instantanément la non-conformité de certains déchets.

Dans une industrie de la gestion et de la valorisation des déchets encore sous-digitalisée, le process Lixo fait figure de petite révolution et se développe déjà dans certains pays d’Europe comme le Portugal, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Mais il nécessite des innovations techniques permanentes.

« Un contrat pour équiper des véhicules au Canada nous a obligés à renforcer la résistance au froid des capteurs par exemple », note Marjorie Darcet, qui voit dans le marché nord-américain une belle opportunité de développement. « Les Américains ont une trentaine d’années de retard sur l’Europe dans le domaine du recyclage, constate-t-elle. C’est un marché porteur. »

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