Meyer Habib dans le JDD : « L’existence de l’État hébreu est menacée sur plusieurs fronts ».

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Six mois. Six mois après les pogroms du 7 octobre, le monde a presque oublié la barbarie, les sévices, les familles décimées, les femmes violées, leurs corps profanés et exhibés à des liesses galvanisées par la haine du juif. Le monde oublie les visages des 134 otages, dont trois Français, toujours détenus dans les tunnels islamistes. L’histoire bégaie ! Déjà à Hébron en 1929, un pogrom visait à éradiquer la présence juive.

Six mois après le plus grand massacre antisémite depuis l’Holocauste, les crimes contre l’Humanité du Hamas ont été banalisés. Les 1160 vies arrachées par la barbarie deviennent un événement lointain à relativiser, à justifier même pour l’extrême gauche. Au-delà du Hamas, l’existence de l’État hébreu est menacée sur plusieurs fronts, notamment au nord par le Hezbollah et au sud par les Houthis.

Tous deux sont les bras armés de la République islamique d’Iran qui développe l’arme nucléaire en déclarant ouvertement vouloir rayer Israël de la carte. Le minuscule et unique État juif est assiégé par l’islamisme. Pourtant, en exhortant à un cessez-le-feu et en inversant la victime et le bourreau, le monde libre abandonne Israël. Dans cette guerre pour sa survie, cet abandon est inique.

Depuis plusieurs semaines, la France délaisse progressivement une démocratie amie en péril. Elle est passée du droit absolu d’Israël à se défendre et d’une éphémère coalition internationale pour lutter contre le Hamas à une coalition pour empêcher Israël de se défendre. Certains demandent même depuis Paris la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien dirigé par une autorité négationniste et corrompue. Ce serait une prime irresponsable accordée au Hamas après le 7 octobre. La rançon du terrorisme.

Au-delà de ce lâchage géopolitique, le retournement français a alimenté l’explosion des agressions antisémites en France, + 1000 % depuis le 7 octobre.

Ce basculement en défaveur d’Israël n’est ni éthique, ni honnête mais électoraliste. À l’approche d’élections décisives en Europe et aux États-Unis, certains responsables politiques se sont détournés d’Israël afin de ne pas se mettre à dos une partie de l’électorat musulman. Si la France n’abritait pas la première communauté musulmane d’Europe, elle aurait sans doute une diplomatie différente.

Le rétablissement du financement français à l’UNWRA, dont des agents ont participé aux attentats du 7 octobre, participe de cette même stratégie électoraliste. Depuis 75 ans, Israël est le seul pays au monde victime d’une présomption de culpabilité. Il est scruté, épié, accusé, brocardé lorsqu’il se défend après les agressions des terroristes et de ses voisins qui lui ont déclaré la guerre depuis le premier jour de sa création.

Pendant 2500 ans, le peuple juif en exil a été répudié, chassé, converti, brûlé, exterminé dans le silence des nations. Désormais souverain sur ses terres ancestrales, doté d’un État fort, moral et démocratique pour se protéger, il ne demande plus aux nations l’autorisation de se défendre ni de combattre à sa place, mais simplement de lui apporter un soutien moral dans son combat juste contre le totalitarisme islamiste. Face aux horreurs du 7 octobre, aucune puissance ne serait restée sans réagir.

Nous avons répondu avec force contre Daesh, les États-Unis contre Al-Qaïda. Mais Israël est la seule nation du monde à laquelle on demande de baisser les armes contre les djihadistes !

Force est de constater que la France n’a pas cessé la guerre contre l’État Islamique après la bataille de Raqqa qui a fait près de 2000 morts civils. La guerre a été menée quoi qu’il en coûte. En bombardant des civils sans répit, ni troupes au sol, nous n’avons pas pris les précautions d’Israël à Gaza. Malgré le contrôle absolu des airs, Tsahal fait tout son possible pour limiter au maximum les victimes collatérales en avertissant les populations par tracts et haut-parleurs.

Un cessez-le-feu peut d’ailleurs intervenir immédiatement à Gaza. À une seule condition : que le Hamas libère immédiatement tous les otages, comme me l’a confirmé le Premier ministre Benyamin Netanyahou en tête à tête la semaine dernière. Voilà la priorité absolue, pas un illusoire cessez-le-feu sans condition qui ne ferait que renforcer le Hamas.

Deux poids, deux mesures encore du côté de Kiev. On ne demande pas à l’Ukraine agressée de baisser les armes et de signer un cessez-le-feu avec la Russie. Cette guerre a pourtant fait plusieurs centaines de milliers de morts, civils compris, et Paris y est plus proche de la belligérance que du cessez-le-feu.

La France ne peut plus tourner le dos à Israël. Le terrorisme a lié nos nations par le sang versé. Les morts du 7 octobre, ce sont ceux du Bataclan. Les bébés tués par le Hamas, ce sont les enfants fauchés à Nice. Les jeunes assassinés à la rave party de Réïm, ce sont les innocents abattus sur les terrasses parisiennes.

Abandonner Israël, c’est s’abandonner soi-même, c’est abandonner le combat contre le terrorisme islamiste qui ensanglante notre continent. Les nations du monde libre oublient qu’Israël se bat aussi pour elles, aux confins d’une Europe défigurée par le djihadisme. Laissons Tsahal détruire le Hamas comme la France a détruit Daesh.

Paris et Jérusalem forment les deux tours de la civilisation judéo-chrétienne. Notre civilisation venue du fond des âges a traversé tous les apocalypses. Nous nous battons pour la léguer à nos enfants et faire triompher la vie, la tolérance, l’humanisme que nous sanctifions contre la culture de mort des islamistes. Le 7 octobre, comme l’attentat de Moscou, viennent nous rappeler l’imminence de la menace djihadiste. Ne l’oublions pas et ne cédons rien. Au-delà de ce qui se joue au Proche-Orient, c’est l’avenir de la France qui se décide.

Cette guerre oppose la civilisation à la barbarie, ça sera eux ou nous. Face à la peste noire djihadiste dénoncée par Elie Wiesel, sortons de notre somnambulisme. Si la France abandonne Israël à l’islamisme, elle vacillera à son tour. Comme l’a écrit Paul Valéry, les civilisations sont mortelles. Il est minuit moins une, le risque d’extinction civilisationnelle est devant nous.

COPYRIGHTS. JDD.

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