Réseaux sociaux : Avec sa nouvelle application TikTok Lite, le géant chinois ne roule-t-il pas à contre sens ?

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Personne ne l’avait vu venir. Ce jeudi, TikTok Lite, la nouvelle application bis du chinois ByteDance est arrivée en France sans faire de bruit. Son but ? « Offrir aux utilisateurs la meilleure expérience de visionnage de vidéos possible en utilisant moins de données, en favorisant l’expression personnelle et l’interaction avec la communauté des créateurs », vante la plateforme disponible sur IoS et Android. Plus légère et interactive, peut-être, mais surtout plus rémunératrice.

En effet, la nouvelle application offre à l’utilisateur la possibilité de gagner des récompenses tout en visionnant des vidéos. 300 pièces virtuelles à l’inscription, puis jusqu’à 600 pièces à chaque connexion quotidienne et 150 pièces tous les trois likes. Le temps passé est également important : plus on reste connecté sur l’application, plus on remporte des pièces. 150 pièces pour une minute passée sur l’application, 750 pour 5 et 4.200 pour 25. Toute cette petite fortune peut par la suite être changée en bons d’achat Amazon ou en cartes-cadeaux sur PayPal. Si, pour l’instant, cette fonctionnalité n’est disponible que sur Android, elle semble aller à contre-courant des logiques européennes actuelles.

Une rémunération déjà présente

« Dans cette application, il y a un côté clair et un côté obscur de la force », résume le docteur en économie et enseignant-chercheur à l’INSEEC, Julien Pillot. Son avantage est non négligeable : proposer une application moins énergivore, c’est une bonne chose. « Mais l’application nous incite également à voir plus de vidéos », renchérit le spécialiste. Pour Julien Pillot, si le coup environnemental par image est inférieur, le coût global de visionnage risque d’être bien plus élevé.

Surtout, le nouveau TikTok pose question quant aux risques d’addiction déjà pointés du doigt, en France notamment. Dans les conclusions de la commission d’enquête « La tactique TikTok : opacité, addiction et ombres chinoises », rendue l’été dernier, le Sénat alertait sur le temps moyen passé sur l’application pour les 4-18 ans qui était d’1h47 par individu. Au sein du même rapport, les psychologues soulignaient un risque « d’abrutissement », en plus de celui de l’addiction.

Le phénomène ne sera-t-il pas plus grave avec ce système de récompense ? Oui, tranche Julien Pillot qui y voit une forme d’incitation pour les jeunes individus à y passer plus de temps. Mais il nuance : « TikTok avait déjà cette fonctionnalité-là de récompense et permettait depuis le début la sponsorisation des créateurs de contenu ».

TikTok tente de rattraper son retard

Quant au timing, on pourrait penser que l’application TikTok se moque des règles européennes devenues plus strictes à l’été avec la mise en place Digital Services Act (DSA) pour lutter contre les contenus illicites trop omniprésents sur Internet. Pour Julien Pillot, les problèmes d’addiction ne sont en soit pas inscrits dans les nouvelles lois qui n’obligent en rien TikTok à réduire le temps d’écran. Le DSA interdit davantage le manque de transparence des publicités ou les contenus appelant à la haine raciale.

Surtout, TikTok sait qu’elle a encore du retard à rattraper sur sa concurrente Meta. En France, le nombre d’utilisateurs actifs mensuels d’Instagram était de 26 millions en 2023, contre 14,9 millions pour TikTok, d’après le site Digimind. « TikTok reste minoritaire en Occident par rapport à Instagram et cherche donc à être extrêmement agressive pour prendre des parts de marché », conclut le spécialiste en économie numérique.

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