Brancardier agressé en Vendée : Prison ferme pour ne « pas avoir pu se contrôler » après trois minutes d’attente

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Au tribunal des Sables-d’Olonne (Vendée)

La scène, filmée par les deux caméras de vidéosurveillance du centre hospitalier de Challans (Vendée) et diffusée dans la salle d’audience, dure quelques minutes seulement. Le seul et unique coup de poing, porté à la nuque et d’une rare intensité, à peine une seconde. Début avril, un brancardier a été violemment agressé dans le cadre de son service juste devant l’entrée des urgences de l’hôpital vendéen.

L’affaire, qui a ému toute la communauté hospitalière et bien au-delà, était jugée ce vendredi au tribunal des Sables-d’Olonne (Vendée). « Je regrette ce que j’ai fait, je n’ai pas pu me contrôler, et puis ensuite j’ai eu un trou noir… », assure Lionel F., 23 ans, un homme baraqué appartenant à la communauté des gens du voyage. Ces excuses répétées du prévenu n’ont pas convaincu le tribunal, qui l’a finalement condamné à quatre ans de prison cet après-midi : deux ans ferme et deux ans de sursis probatoire pendant trois ans.

« Trois minutes, ça ne va pas assez vite ! ? »

Que s’est-il réellement passé entre le moment où deux patients gravement brûlés se présentent aux urgences accompagnés de leur famille, ce samedi 6 avril, et celui où un ambulancier s’écroule au sol dans une marre de sang ? Si les images de vidéosurveillance sont muettes, elles ont tout filmé, entre 12h22 et 12h25. Et deux versions s’affrontent sur ce qui a pu se jouer… en trois minutes seulement.

« Ils ont eu le sentiment de ne pas être pris en charge, assure Me André Raiffaud, l’avocat de la défense. Cette attente leur a semblé énorme et ils n’ont pas compris pourquoi ils n’étaient pas prioritaires. » « J’avais peur qu’ils meurent, j’étais paniqué », poursuit le prévenu, fortement alcoolisé quand il a déboulé à l’hôpital en camion de chantier avec son père et son cousin, tous deux électrisés. Une version largement contestée. « On ne les a pas mis dehors !, s’agace la présidente du tribunal. Ils entraient dans le sas pour être ausculté… Trois minutes, ça ne va pas assez vite pour vous ? ! Pourquoi vous vous énervez ? »

« Sales manouches »

Le jeune ferrailleur originaire de l’Orne, crâne rasé sur les côtés, marmonne. « Je ne l’aurais pas frappé s’il n’avait pas tenu les propos qu’il a tenus… » Celui qui est aussi jugé pour avoir démoli la porte d’entrée des urgences l’assure : s’il a porté sa rage sur un ambulancier qui passait par là par hasard, avant de prendre la fuite avec le reste du groupe dont les deux blessés, c’est qu’il a été discriminé. La victime, qui sortait du bâtiment pour sa pause déjeuner, aurait été interpellée par le groupe, paniqué. Elle leur aurait dit ne pas être en mesure de les aider, les traitant de « sales manouches », selon le prévenu.

Mise à part quelques membres de la famille de Lionel, interpellé deux jours après les faits, personne n’aurait entendu l’ambulancier proférer ces propos. « Un leurre, une provocation », estiment les parties civiles. « Une violence psychologique en plus de la violence physique portée à ce monsieur, qui a été laissé un long moment au sol », déplore la procureure de la République, Gwénaelle Coto qui avait requis la peine maximum, cinq ans de prison.

Le brancardier « extrêmement traumatisé »

Impossible, de toute façon, de demander directement à la victime. Ce personnel soignant, qui devait prochainement partir à la retraite, est absent de la salle. Il aurait « même hésité à se constituer partie civile », par peur des représailles, selon son avocat Me Franck Boezec.

Grièvement blessé à la face, souffrant de plusieurs fractures nécessitant peut-être encore de la chirurgie, il est toujours « extrêmement traumatisé », témoigne le directeur de l’hôpital de Challans à la barre. « Les agents du service public sont des personnes engagées et mettent un point d’honneur à soigner tout le monde, sans distinction d’origine, ajoute-t-il très ému, décrivant quelqu’un de doux et dévoué. C’est leur fierté. »

Devant sa famille en larmes, venue en nombre au tribunal des Sables-d’Olonne ce vendredi, le prévenu (qui portait déjà six mentions à son casier pour vols et conduite sans permis) est reparti directement en prison. En plus de la peine, Lionel F. devra suivre des soins et ne pas entrer en contact avec sa victime, ni paraître en Vendée. Il a aussi été condamné à verser 10.000 euros à l’hôpital. Les dommages et intérêts qu’il devra payer au brancardier feront l’objet d’une seconde audience.

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