Elections européennes 2024 : Emmanuel Macron est-il encore un atout pour son propre camp ?

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En bon adepte de la boxe, Emmanuel Macron s’apprête à descendre sur le ring. Le chef de l’Etat va en effet tenir un grand discours sur l’Europe jeudi à la Sorbonne. A un mois des élections européennes, la liste de la majorité portée par Valérie Hayer peine toujours à décoller dans les sondages, loin, très loin de Jordan Bardella (RN).

Mais l’entrée en campagne du président peut-elle vraiment favoriser la dynamique de Renaissance et de ses alliés ? Même au sein des macronistes, certains craignent une stratégie contre-productive…

« La cote d’alerte est atteinte »

Plutôt discret dans ce début de campagne, Emmanuel Macron va donc sortir du bois dans les prochains jours. Le président de la République a opté pour un « discours de la Sorbonne II », en écho à celui prononcé en 2017, peu après son arrivée à l’Elysée. « C’était un discours visionnaire, notamment sur les enjeux de Défense, qui ont une résonance particulière aujourd’hui avec la guerre en Ukraine », souffle Fabienne Keller, eurodéputée Renaissance. « Il y a une grande attente car l’Europe est dans l’ADN du macronisme. Et sur de nombreux sujets, le numérique, la santé ou l’immigration, le président a été moteur sur le continent », ajoute-t-elle.

Pour le chef de l’Etat, il sera question de défendre les acquis obtenus ces dernières années et de tracer des perspectives. Mais cette entrée en scène n’est pas anodine, alors que la majorité accuse un retard de 10 à 15 points sur la liste du Rassemblement national, selon les derniers sondages. L’objectif est bien de dynamiser la campagne des macronistes, qui voient fondre sur eux la candidature de Raphaël Glucksman (PS). « Le niveau d’inquiétude monte très fort, la cote d’alerte est atteinte. Le président doit vouloir reprendre la main comme en 2019… », s’inquiète une députée Renaissance. Il y a cinq ans, le président s’était fortement impliqué dans la dernière ligne droite avant le scrutin. Son visage avait même fait irruption sur les affiches de campagne à la place de Nathalie Loiseau, la tête de liste, alors en grande difficulté.

Les doutes des macronistes

Mais cinq ans plus tard, le contexte a changé. Et au sein même des macronistes, on doute de l’efficacité de cette même stratégie. « A l’époque, il nous avait permis de sauver les meubles [22,42 % contre 23.34 % pour le RN], mais l’effet d’entraînement est aujourd’hui beaucoup moins fort. Il n’y a plus cette hype qui suivait 2017. Il y a quand même un rejet très fort du président dans l’électorat », soupire l’élue citée plus haut. Près de trois quarts des Français se disent ainsi mécontents de l’action d’Emmanuel Macron depuis sa réélection, selon un sondage Ifop-Fudicial pour Sud Radio publié lundi dernier.

« Je ne crois pas à l’effet « waouh ». Je le souhaite, mais je ne me fais aucune illusion. Je sais que sa personne crispe, qu’il a désormais un rapport compliqué avec les Français », soupire une autre députée de la majorité. « C’est une élection qui arrive à mi-mandat, et certains pourraient être tentés de sanctionner le président… », craint également Erwan Balanant, députée MoDem.

Le RN n’attend que ça

C’est d’ailleurs la stratégie choisie par le Rassemblement national, qui entend faire des élections européennes un « référendum anti-Macron ». « Pour nous, c’est plutôt bien qu’il y aille », sourit Gaëtan Dussausaye, porte-parole du RN. « Quand vous désignez un adversaire, c’est plus facile de faire campagne quand il se montre. S’il reste en dehors, vous tapez un peu dans le vide », ajoute ce proche de Jordan Bardella.

Chez Les Républicains aussi, on ne craint pas l’impact d’une entrée en campagne du locataire de l’Elysée auprès des électeurs de droite et du centre-droit, toujours convoité par le camp macroniste. « On a déjà eu trop de discours, seulement des discours, alors que les actes ne suivent pas, tacle Othman Nasrou, directeur de campagne LR. Vu l’état du pays, sa parole est décrédibilisée. La montée du RN, c’est aussi son bilan ». C’est d’ailleurs le risque d’une campagne active pour le chef de l’Etat ces prochaines semaines. En cas de débâcle électorale le 9 juin prochain, l’opposition aura beau jeu de demander une réponse politique à l’échelle nationale.

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