Elections européennes 2024 : « L’Europe peut mourir »… Macron passe en mode « guerre » pour la bataille électorale

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On en a pris plein la tête. Pendant près de deux heures, ce jeudi, Emmanuel Macron a copieusement développé sa vision des défis qui attendent l’UE pour les années à venir. Des défis ( « puissance », « prospérité », « humanisme ») fondés sur un diagnostic alarmiste de l’état de l’Union européenne. Une vision particulièrement noire du futur.

« Mon message d’aujourd’hui est simple […] : nous devons être lucides sur le fait que notre Europe est mortelle, elle peut mourir », a notamment prévenu le chef de l’Etat. Et de poursuivre : « Cela dépend uniquement de nos choix, mais ces choix sont à faire maintenant », car « à l’horizon de la prochaine décennie, […] le risque est immense d’être fragilisé voire relégué ». Pire encore, selon Emmanuel Macron, l’Europe est « dans une situation d’encerclement » face aux grandes puissances régionales, une Europe « qui ne s’aime plus ».

La dramatisation, encore

Bref, à 45 jours des élections européennes, Emmanuel Macron dramatise les enjeux. Depuis 2022 au minimum, la chanson est bien connue chez les macronistes. L’écologiste Marie Toussaint parle même de « disque rayé ». Les circonstances l’ont évidemment parfois justifié. Notamment quand la Russie envahit l’Ukraine le 26 février 2022, à un mois et demi du premier tour de la présidentielle, alors qu’Emmanuel Macron n’est même pas encore officiellement candidat à un second mandat.

La guerre en Ukraine a changé beaucoup de choses en Europe. L’UE ne se vivait pas – ou plus – comme un espace où les approvisionnements en énergie, ou même en alimentation, sont sujets à inquiétude. Et dans six mois, si Donald Trump gagne la présidentielle outre-Atlantique, le parapluie américain pourrait ne plus protéger l’Europe pour la première fois depuis quatre-vingts ans. C’est un changement de monde.

La guerre, valeur refuge

Mais la ficelle était déjà la même dans l’entre deux-tours des élections législatives quand, sur le tarmac de l’aéroport, avant de s’envoler pour la Roumanie puis Kiev, Emmanuel Macron en appelait aux électeurs et électrices pour avoir une « majorité solide ». « Parce qu’il en va de l’intérêt supérieur de la Nation », rien que ça. Jean-Luc Mélenchon avait alors dénoncé un « sketch à la Trump » pour « mettre en garde contre l’ennemi de l’intérieur ».

A chaque fois qu’un texte menace de ne pas être voté par une Assemblée nationale sans majorité, le refrain de la crise est entonné. Avant cela, au démarrage de la crise du Covid-19, c’était déjà la « guerre » dans les mots du président. Une valeur refuge pour les pouvoirs en place. Car au milieu d’une guerre, c’est bien connu, on ne change pas de cheval.

Du contenu, quand même

Et c’est pareil avec ces élections européennes. Le 2 avril, lors du lancement de la campagne macroniste à Lille, déjà, les discours étaient « graves ». On parlait d’un « enjeu qui n’a jamais été aussi important » et, déjà aussi, de « menace de mort » sur l’Europe. C’est l’ancien premier ministre Edouard Philippe qui avait déclaré à la tribune : « La raison européenne est menacée de mort (…) quand les opinions publiques sont abruties par les réseaux asociaux. » Le président ne dit pas autre chose.

Enfin si : Emmanuel Macron ajoute un plan de bataille concret face à cet avenir noir si l’on n’agit pas. « Concept stratégique » de « défense européenne crédible », emprunt européen pour l’industrie de défense, « choc d’investissements communs », objectifs de croissance et de décarbonation pour la BCE, Europe moins naïve face aux grandes puissances sur le plan commercial, marché unique plus simple, majorité numérique à 15 ans partout en Europe, pass culture européen… Et on en passe.

Emmanuel Macron a donné beaucoup de grain à moudre pour ses troupes, empêtrées dans une campagne qui ne décolle pas. Valérie Hayer, candidate inconnue, reste loin derrière le Rassemblement national de Jordan Bardella, et voit les socialistes menés par Raphaël Glucksmann se rapprocher. Les macronistes n’ont presque plus qu’à dérouler le discours – programme du président jusqu’au 9 juin.

Mais après sept ans au pouvoir, est-ce un ballon d’oxygène ou un boulet ? Car de cette situation noire, il peut être jugé – au moins partiellement – coupable. Les oppositions ne se privent pas de le faire remarquer. Le discours de la Sorbonne « est, en creux, les actes que M. Macron n’a pas eus », juge ainsi le LR François-Xavier Bellamy. Sa vision n’est d’ailleurs pas plus engageante que celle du chef de l’Etat : la France, dit-il, est « le pays malade de l’Europe », dont « tout le monde parle à Strasbourg et à Bruxelles ».

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