Israël divisé sur la fermeture d’Al Jazeera
La décision du gouvernement israélien de fermer le bureau local de la chaîne qatarie Al Jazeera soulève une vive polémique au sein de l’exécutif. Annoncée à l’unanimité des ministres présents, cette mesure radicale met au jour des divergences profondes sur son bien-fondé et son timing.
D’un côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Communication Shlomo Karai se montrent intransigeants. Ils dénoncent les « incitations à la haine » répandues selon eux par Al Jazeera, nuisibles à la sécurité nationale. Pour Netanyahu, l’heure est venue d’en finir avec cette « machine bien huilée ».
Mais d’autres voix s’élèvent contre cette fermeture brutale. Les ministres du « camp de l’État », soit les partis centristes, ont boycotté le vote, jugeant le timing contre-productif. Selon certaines indiscrétions, les chefs du Mossad et du Shin Bet auraient émis des réserves, craignant que cette décision ne compromette les négociations en cours pour la libération d’otages israéliens.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich est lui monté au créneau, interpellant vivement Netanyahu, le ministre de la Défense et son homologue Benny Gantz. « Nous ne vous permettrons pas d’éteindre l’esprit d’héroïsme (…) Nous voulons [la libération des otages] aujourd’hui et maintenant ! » a-t-il lancé avec véhémence.
L’influent ministre de la Sécurité Intérieure Itamar Ben Gvir s’est également opposé à tout « accord de promiscuité » avec les ravisseurs. Il entendait marquer son opposition à tout compromis.
De son côté, l’ONG Reporters Sans Frontières a dénoncé une « scandaleuse législation répressive » visant à réduire Al Jazeera au silence en raison de sa couverture de la guerre à Gaza.
Cette divergence au sommet de l’État hébreu met en lumière les défis sécuritaires sensibles auxquels le gouvernement est confronté. Fermer Al Jazeera ou préserver les négociations : ce dilemme cornélien divise les décideurs israéliens.
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