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Jérusalem : stratégies contemporaines autour de la Ville sainte, par Frédéric Encel

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Plusieurs siècles durant, de Soliman le Magnifique au début du XXe siècle, la Sublime Porte aura délaissé Jérusalem. Ni siège d’un sultanat, d’un gouvernement provincial ou du moindre QG militaire, ni zone de développement ou de préservation patrimonial, artistique ou urbanistique, ni réalité d’un plan d’occupation des sols autre qu’aléatoire. De fait, nul empire ne menace la cité. Mais, dès l’entrée des troupes britanniques victorieuses de l’armée turque ottomane en décembre 1917, Jérusalem redevient un lieu à conquérir.

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D’un côté, le mouvement sioniste – Sion incarne Jérusalem dans la Bible – en fait la centralité physique et politique du Yishouv, le foyer national juif. De l’autre, les nationalistes arabes de Palestine rejettent non seulement le mandat sur la Palestine confié par la Société des Nations à Londres (1921), mais aussi et surtout la progression économique et démographique des Juifs sionistes. Et c’est sans compter la Couronne, convaincue qu’il faudra partager le territoire exigu entre Juifs et Arabes, mais qui tient à conserver une influence prépondérante dans la ville. Chacun jouera avec ses armes…

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Depuis les années 1870-1880, le mouvement sioniste construit aux abords occidentaux de la ville (la Vieille Ville, enserrée dans ses remparts solimanesques du début du XVIe siècle, n’offre guère de place) des institutions caritatives, hospitalières, spirituelles et universitaires, ainsi que plusieurs quartiers d’habitation ; il s’agit de renouer avec un passé pluriséculaire, celui d’avant la grande expulsion et la destruction par les armées romaines de Titus et Vespasien en 70, même si la présence juive n’avait jamais cessé à Jérusalem/Yerushalayim vingt siècles durant. Dès les années 1930, les Juifs seront ainsi redevenus majoritaires sur l’espace urbain de la cité contemporaine.

Du côté arabe, on utilise tour à tour la diplomatie et la violence ; le Haut Comité arabe de Palestine, bientôt dirigé par le grand mufti de Jérusalem/Al-Quds (La Sainte) Hadj Amine el Husseini, tente d’entraîner les Etats arabes autonomes ou indépendants à faire pression sur Londres pour qu’il entrave le développement juif. Par ailleurs, dès 1921, des émeutes éclatent contre des Juifs de la ville et, en 1936, le mufti lancera dans tout l’espace mandataire la grande révolte arabe. Quant au Royaume-Uni, il essaie d’imposer dès 1937 un partage de la Palestine (plan Peel) maintenant Jérusalem dans le giron britannique.

Batailles épiques

Le 29 novembre 1947, l’ONU adopte son plan de partage – accepté par l’Organisation sioniste, rejetée (puis militairement combattue) par le Haut Comité arabe et les Etats de la Ligue arabe – en deux Etats juif et arabe. Jérusalem et Bethléem constituent un Corpus separatum sous supervision internationale. Tout au long de 1948, l’accès à la ville depuis la bande côtière (cœur du Yishouv puis d’Israël) est le théâtre de batailles épiques mais aussi de massacres, et, après le blocus jordanien de la partie orientale (dont la Vieille Ville), le jeune Etat d’Israël doit se contenter de la partie occidentale. Il annexe celle-ci en la proclamant capitale, tandis que la Jordanie annexe la partie orientale (ainsi que toute la Cisjordanie) en en chassant les habitants du quartier juif. Entre les deux parties s’érigera un mur.

Tout change avec la guerre des Six Jours de juin 1967 : Israël conquiert la partie jordanienne de Jérusalem, « réunifie » la cité, et construit assez vite plusieurs quartiers d’habitation au nord et au sud de la Vieille Ville, sur des collines dominant d’environ 100 mètres le centre-ville, puis, dans les années 1970-1980, une ceinture d’implantations plus éloignées, mais situées aussi sur des hauteurs. Le camp national palestinien, pour sa part, sans instrument de pouvoir sur le terrain, tente de faire condamner Israël pour sa politique de « judaïsation ». En 2020, Israël remporte une victoire en terrain diplomatique hostile, puisque les Etats-Unis reconnaissent sa souveraineté sur Jérusalem. La lutte se poursuivra et, au fond, seuls les Britanniques ont abandonné l’idée de posséder la Ville sainte !

Frédéric Encel, chroniqueur à L’Express, auteur d’une thèse de doctorat sur Jérusalem, publiée sous le titre Géopolitique de Jérusalem (Flammarion, 2009).

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