JO de Paris 2024 : Les cinq fois où le « Belem », transporteur de la flamme olympique, a failli disparaître

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C’est un voilier prestigieux, qui continue de naviguer et draine, à chaque escale, une foule d’admirateurs. Classé Monument historique en 1984, le trois-mâts Belem a l’immense honneur ce samedi d’acheminer la flamme olympique depuis la Grèce jusqu’en France. Son arrivée sera fêtée en grande pompe le 8 mai à Marseille. Célèbre pour sa ligne élégante, le Belem est moins connu pour son histoire hors du commun, « rocambolesque » même, considère la Fondation Belem, gestionnaire du voilier depuis 1979. Il faut dire que le voilier construit à Nantes il y a 128 ans est un « véritable miraculé », qui a failli disparaître à cinq reprises. Récit.

L’épreuve des flammes

A l’origine, le Belem est un navire destiné au commerce. « Il allait chercher du cacao et du sucre au Brésil pour son principal client nantais : la chocolaterie Meunier. Le comptoir commercial où il se rendait s’appelait Belem, probablement parce qu’il se trouvait au même endroit que l’actuelle ville côtière brésilienne », explique Virginie Hinet, déléguée générale adjointe de la Fondation du patrimoine.

Sauf que dès sa première traversée de l’Atlantique, en 1896, le voilier est mis en difficulté par une tempête, puis par un incendie à bord. La cargaison prend feu, des dizaines de mules périssent, mais les marins parviennent à circonscrire les flammes. Le Belem échappe au pire une première fois, non sans quelques dégâts.

Une éruption volcanique aux Antilles

En 1902, le Belem se trouve en Martinique pile au moment où une éruption de la montagne Pelée dévaste une partie de l’île, en particulier la ville portuaire de Saint-Pierre. « Il ne doit sa survie qu’à un pur hasard, raconte Virginie Hinet. Au moment d’arriver dans le port, le capitaine se rend compte qu’un autre bateau a pris sa place. Il va donc repartir au mouillage de l’autre côté de l’île. Et c’est ce qui le sauve. L’éruption se déclenche et tous les autres bateaux présents autour de Saint-Pierre ont sombré. Le Belem a quand même été touché par les cendres du volcan. Il reste d’ailleurs aujourd’hui une assiette accrochée dans le bureau du commandant avec des marques de poussières volcaniques. » En 2002, le Belem est revenu en Martinique pour la célébration de cette éruption.

Fin de carrière et démantèlement

A l’aube de la Première Guerre mondiale, l’essor des bateaux à vapeur est tel que les voiliers marchands sont voués à être mis de côté et démantelés. La carrière du Belem s’arrête. Heureusement pour le voilier, il est repéré et racheté en 1914 par le duc de Westminster, qui décide de le transformer en yacht de luxe pour ses loisirs. Des pièces nouvelles confortables sont construites. « Lorsque la guerre éclate, alors que de nombreux voiliers sont détruits, le Belem est, lui, isolé pour les travaux. Et donc protégé des combats », rapporte Virginie Hinet. « Encore une fois, il avait une bonne étoile », sourit-elle.

Bombardements sur l’île de Wight

En 1921, le Belem est cédé à Sir Arthur Ernest Guinness, vice-président de la célèbre brasserie irlandaise. Il est aussitôt rebaptisé Fantôme II et réaménagé pour de longues navigations autour du monde. Mais la Seconde Guerre mondiale menace et le voilier est désarmé et mis à l’abri sur l’île de Wight, où il restera pendant tout le conflit. Il subira tout de même des bombardements mais seuls ses gréements seront endommagés. « Le Fantôme II est resté propriétaire des Guinness jusqu’en 1951, date à laquelle les héritiers de Sir Arthur ont décidé de le vendre à Vittorio Cini, un industriel italien installé à Venise. »

Abandonné à Venise

Après son rachat en Italie, le voilier est rebaptisé Giorgio-Cini, en hommage au fils décédé du propriétaire, et aménagé en navire-école. Il conservera cette mission jusqu’en 1968, date à laquelle, jugé trop vétuste, le bateau est rangé à quai sur l’île San Giorgio Maggiore de Venise. En 1972, la gendarmerie italienne, qui souhaite le récupérer, entame des travaux de restauration, qu’elle ne parviendra jamais à financer. En compensation, le Giorgio-Cini est donc cédé aux chantiers navals.

« Il faisait peine à voir. Malgré l’admiration que lui portaient les Vénitiens, il était laissé dans un coin, loin de son prestige passé. C’est dans ces conditions, un peu par hasard, qu’un docteur français passionné de marine (Luc-Olivier Gosse) a reconnu le Belem et l’a fait savoir aux Français », raconte Virginie Hinet. En 1979, le trois-mâts, finalement remis en vente, est ainsi de retour dans l’Hexagone, racheté par la Caisse d’Epargne en tant que mécène.

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