Tout sauf une nouvelle « patate de forain » ce week-end, pour les derniers jours de la Foire du Trône en 2024. Le 15 avril dernier, une violente bagarre s’est déroulée entre des forains et une bande de jeunes sur le site dans le 12e arrondissement de Paris. Filmée, cette violente altercation a été diffusée sur plusieurs réseaux sociaux.
Des images de violences qui ne sont, malheureusement, pas les seules à avoir circulé ces dernières semaines autour de l’événement. Les posts sur TikTok ou Snapchat dévoilant des incidents se sont multipliés, autant que les commentaires jugeant désormais infréquentable cette fête si populaire. « Cirque », « zoo », « zone de non-droit », les qualificatifs ne manquent pas pour les internautes qui confient de plus en plus leur réticence à aller sur la pelouse de Reuilly. Pour ce dernier week-end de l’édition 2024, autorités comme forains espèrent deux jours plus apaisés.
Succession d’incidents relayés sur les réseaux sociaux
Le 6 avril déjà, des bagarres et des vols étaient relayés sur les réseaux. Un célèbre Tiktokeur, Willy_à_la_Prod, avait appelé ses abonnés à se rendre sur place pour « fêter le beau temps ». Des mouvements de foule avaient été constatés ainsi que des vols à la tire. Pris à partie par plusieurs personnes présentes sur place, l’influenceur redonnera rendez-vous à ses agresseurs la semaine suivante.
Et rebelote le week-end des 13 et 14 avril avec des images d’échauffourées et l’intervention de policiers de la Brav-M au sein même de la foire pour l’interpellation de plusieurs individus. Sur des vidéos disponibles sur Internet, on voit d’ailleurs les fonctionnaires de police menacés par des groupes de jeunes pendant qu’ils exfiltrent les interpellés, les obligeant à faire usage de gaz lacrymogène. C’est également ce même week-end qu’aura lieu la fameuse altercation de « la patate de forain ».
Cinq interpellations depuis le 22 mars
Contactée par 20 Minutes, la préfecture de police confirme plusieurs interventions sur place. Au sujet du 13 avril, la PP ajoute que des individus ont essayé de rentrer de force dans l’enceinte de la Foire du Trône, provoquant des mouvements de foule mais assure que l’intervention des policiers a permis de « revenir rapidement à une bonne physionomie sans autres incidents, ni blessés ».
Non sans lister cinq interpellations depuis le début de la foire, le 22 mars dernier. Deux pour menaces de policiers avec une arme factice, une pour vol de téléphone commise plus tôt dans la journée dans le Val-d’Oise et deux autres pour outrages et rebellion.
« Le niveau de tension n’est pas plus élevé que les autres années »
Malgré cela, la PP se veut plutôt rassurante en rappelant que des patrouilles motorisées et pédestres, « dynamiques et persuasives » étaient mobilisées en permanence autour de l’événement. L’intérieur de la foire étant sous la compétence de la police municipale.
Selon la mairie de Paris interrogée par 20 Minutes, 40 agents de police municipale et de médiation et 30 agents de sécurité privée sont mobilisés tous les jours pour assurer la sécurité aux abords du site et à l’intérieur. Le cabinet de Nicolas Nordman, adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la sécurité précise même : « Contrairement à ce que l’on entend, le niveau de tension n’est pas plus élevé que les autres années. Il y a eu en 2024, comme les années passées, quelques tensions entre groupes mais qui restent contenues par les équipes mobilisées. »
Ce que semblent confirmer les chiffres de la police. Avec 98 interventions en 2024 à deux jours du terme, contre 212 en 2023 et 240 en 2022 (mais avec un mois de moins), il n’y a pas d’escalade de la délinquance selon la préfecture qui met plutôt en évidence l’impact des réseaux sociaux qui donnent « une grande visibilité » aux incidents et déplore « la diffusion massive de ces images sorties de leur contexte, qui nuit à l’activité des forains ».
Les forains craignent pour l’image de la foire
Et ce n’est pas Karl Vancraeyenest qui dira le contraire. Propriétaire du manège, « Le King », il est aussi vice-président de la Foire du Trône. A son tour, il regrette l’utilisation et le détournement d’images pour nuire à la fête : « Franchement, regardez ce qui tourne, on se croirait en guerre civil. Vous croyez vraiment que si cela se passait dans la réalité comme cela, la Foire du Trône existerait encore ? »
Selon lui, la faute est principalement à rejeter sur les applications comme TikTok et leurs influenceurs : « C’est le côté pervers des réseaux, la course au mauvais témoignage. Des jeunes se servent de la popularité de la foire qui a toujours été très attractive. »
Ça peut aller de Willy_la_prod, « qui a réussi à faire croire que c’est lui qui a réussi à remplir la foire, alors que c’était juste un jour normal de beau temps », jusqu’à ceux qui essaient de « faire le buzz » en volant des pommes d’amour. « Quand c’est un type qui a des milliers de followers, c’est problématique parce que ça devient un jeu de reproduire pour faire parler de soi », explique le forain qui participe à l’événement depuis plus de cinquante ans.
Selon lui, qui est « né à la Foire du Trône », l’événement n’est pas plus dangereux aujourd’hui que les années précédentes. « Rien à voir avec la fin des années 1990 » quand les bandes de jeunes se donnaient rendez-vous sur place pour en découdre. Depuis, la mairie de Paris, la préfecture de police et les forains ont travaillé de concert pour clôturer le site, installer la vidéosurveillance et filtrer les entrées. « Il y a la police nationale dehors, la sécurité privée aux entrées et la police municipale à l’intérieur. C’est comme cela qu’on a retrouvé la convivialité originelle et épuré l’image de la foire », explique Karl Vancraeyenest. Mais le forain ne cache pas un soupçon d’inquiétude quant à l’évolution des pratiques « virtuelles » des jeunes. « A force d’inventer de faux incidents, ils vont finir par les provoquer. »
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